Embrun : le projet abandonné d’aérodrome sous le Roc

Il y a 80 ans, on parlait de créer un aérodrome au bout de la plaine du Roc. Des plans ont même été dressés par François Villiers, propriétaire du château de la Robéyère. Son destin tragique a mis fin au projet.

Jeudi 10 août 1944, une voiture venant d’Embrun se dirige vers Chorges. La route à cette époque passe vers Les Bernards. En arrivant au lieu-dit La Malfosse, des coups de feu éclatent. Le chauffeur est tué.

Des hommes avec leurs fusils sortent des buissons. Ce sont des Résistants. Ils se félicitent d’avoir tué le chef de la Gestapo. Une aubaine inespérée. Ils ont reconnu de loin sa traction avant avec des jantes jaunes. Mais, en s’approchant de la voiture, ils s’aperçoivent qu’il y a erreur sur la personne. L’homme affalé est un Embrunais qui, pour son plus grand malheur, possède aussi une traction avant avec des jantes jaunes.

Le château de la Robéyère

C’est ainsi que François Villiers serait mort. D’une tragique méprise. Notable apprécié, il a acheté le château de la Robéyère en 1930.

Il est président d’honneur du ski club embrunais. Chaque année, il dote de magnifiques prix des courses de ce club. Un challenge porte même son nom. Il est aussi membre du conseil d’administration de l’office de tourisme.

En 1933, grâce à lui, le stand d’Embrun a reçu la médaille d’argent à la foire-exposition de Paris. Côté travail, François Villiers est un ingénieur dans le domaine de l’aéronautique.

Peut-être pour allier aviation et tourisme, il travaille sur un projet depuis plusieurs années : créer un aérodrome sous le Roc. Il en a dessiné les plans.

La piste partirait du côté de la scierie Mostachetti pour aller jusque vers les mares actuelles des crapauds sonneurs à ventre jaune. Cet aérodrome, imaginé du côté du camping de la Vieille ferme, avait une ampleur comparable à celui de Saint-Crépin actuellement.

La mare aux crapauds sonneurs sous le Roc

Avec le décès de François Villiers, les plans resteront dans les cartons. On dit qu’il avait aussi pour projet d’installer une usine de moteurs d’avions dans l’Embrunais.

Un autre projet à Crots abandonné

En 1935, un autre terrain était déjà à l’étude du côté de Crots, qui s’appelait alors Les Crottes. L’hebdomadaire embrunais La Durance du 29 juin 1935 annonçait : « Le terrain d’aviation des Crottes est en voie de réalisation ».

On apprenait qu’un ingénieur des mines et des militaires du génie venaient de procéder à des relevés. Une bonne nouvelle pour le journal : « Lorsque le terrain sera prêt et qu’il pourra être utilisé – ce dont nous ne doutons pas – par l’aviation civile, il y aura de beaux circuits à accomplir dans cette région du département ».

Après la guerre, un homme politique affiche ses d’ambitions. Il promet la construction d’un aérodrome entre Gap et Sisteron, avec des pistes taillées pour faire atterrir des Caravelles, les avions de ligne de l’époque. De quoi amener des flots de touristes vers les stations en constructions ou en projet comme Valcrots. De quoi concurrencer la Savoie.

Ce projet n’a jamais décollé. Une fois la période électorale terminée, ses promesses se sont envolées.

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