Quelle est cette bâtisse toute en briques et en balcons qui ne ressemble à aucune autre à Embrun ?
Coincée entre deux solides maisons bourgeoises de la rue Isnel, elle est toute frêle. Elle aligne quatre rangées de balcons. Certains sont abrités par des voutes cintrées s’appuyant sur des piliers. Elle n’est point faite de grosses pierres de nos montagnes, mais de briques. Certes, il y a bien eu une briquèterie aux Crottes (l’ancien nom de Crots) jusque vers la moitié du XIX° siècle, mais avouez que c’est particulier à Embrun.

En fait, cette bâtisse qui pourrait dater du XVIII° siècle ressemble à une ferme piémontaise. Elle a été construite par des maçons italiens, nos cousins transalpins.
Mais à bien y regarder, ce n’est pas une maison. Juste des balcons. Le mur du fond ne cache pas de logements, il s’appuie simplement sur la maison voisine. Le dernier étage n’est abrité que par un toit ajouré.
Emplacement de la Belle Italienne à Embrun
Non, ce n’est pas une maison, c’est un ancien séchoir. Même s’ils ne l’ont jamais connu en activité, les plus anciens disent qu’on y aurait fait sécher le cuir. Vers l’actuelle école maternelle de la Farandole, on travaillait le cuir autrefois, rue des tanneries. La maison d’angle, au 7 de cette rue, était un des derniers ateliers en activités.
Ci-contre, le bâtiment qui fut la dernière tannerie d’Embrun (Photo Bernard Brabant).
Ci-dessous, l’emplacement de cette maison


Le vent a emporté les secrets de la belle Italienne. Une chose est sûre, et n’en déplaise aux poètes autochtones, elle n’a pas été construite pour les rendez-vous d’amour. Tous ces balcons n’ont pas été si joliment décorés, ne sont pas régulièrement fleuris de nos jours, pour que le soir, nos Juliette alanguies viennent entendre quelques sérénades de leurs Romeo embrunais.
Très enrichissant,
Hubert
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